Repenser l’hospitalité

Sophie Djigo

philosophe

Date / Heure : jeudi 06 octobre 2022 à 18:00

Lieu : Auditorium du Palais des Beaux-Arts


Sophie Djigo est philosophe. Elle enseigne en Lettres supérieures à Valenciennes. Elle a fondé en 2018 Migraction59, collectif d’hébergement citoyen des exilés en transit à Calais. Spécialiste d’éthique et de philosophie sociale, elle a notamment publié Les migrants de Calais (Agone, 2016), Aux frontières de la démocratie (le Bord de l’Eau, 2019) et Des philosophes sur le terrain, (co-écrit avec C. Vollaire, O. Razac et I. Delpla, Créaphis, à paraître en novembre 2022). Ses recherches actuelles portent sur les pratiques d’hospitalité et les solidarités.

Depuis les années 2000, l’hospitalité est devenue un lieu commun qui traverse les discours militants, anthropologiques, sociologiques ou philosophiques. Tandis que les pouvoirs publics assument une position officielle en faveur de l’accueil des migrants, intellectuels et militants reprochent à l’État son caractère inhospitalier. La fermeture des frontières renforcée par le dispositif Frontex, la criminalisation du passage clandestin, l’encampement des migrants en transit, l’insuffisance des places d’hébergement pour les demandeurs d’asile, les quotas réduits de régularisation du séjour, le déni de reconnaissance de minorité, les violences policières systématiques à l’encontre des sans-papiers, les atteintes aux droits fondamentaux des exilés : l’ensemble de ces faits soutient le diagnostic d’un cruel manque d’hospitalité au niveau de l’État et des institutions qui le représentent.
Quel sens y a-t-il à faire référence à l’hospitalité dans le contexte actuel ? Quelque chose comme une « politique d’hospitalité » est-elle possible ? En tant que chercheurs, mais aussi et surtout en tant que citoyens, quels rapports entretenons-nous avec les pratiques d’accueil, entre éthique et tradition, entre politique publique et action privée, entre engagement politique et devoir moral ? Dans une Europe confrontée à la réalité des situations d’exil, la question de l’accueil est devenue un enjeu politique essentiel. D’où l’importance de « repenser l’hospitalité » dans ses formes concrètes, en faisant fond sur l’expérience de terrain.